Quand on se déplace c’est souvent dans une chaîne hôtelière que nous sommes appelés à faire étape.

Le choix de l’enseigne dépend avant tout des conditions financières et celle-ci rentre dans nos contraintes budgétaires.

Pour ceux qui imaginent que les personnes dormant dans des hôtels aux noms évocateurs font bombance dans des restaurants luxueux, avant de finir en sirotant un whisky au bar, puis prendre un bain dans leur baignoire-spa pour enfin s’endormir dans un lit King Size en regardant un film sur un plasma géant... je voudrais ici les rassurer, et surtout les confronter avec la dure réalité !

Certes on a bien un écran géant dans la chambre

Il s’agit de la fenêtre qui une fois la tête passée en dehors vous offre une vue 3D.

A partir de là deux chaînes :

  • première chaîne : sur cour.
    Avec une série aussi rythmé que Derrick : une voiture se gare... houla ! elle a failli accrocher la voiture d’à-côté.
    Parfois comble du suspense elle est obligée de manœuvrer et jusqu’au bout on ignore le nombre d’allers et retours nécessaires.
    Des actes de violence aussi, quand un VRP pressé claque sa portière ou bien encore quand un voyageur pressé de repartir lance avec force son sac au fond de son coffre (et qui nous dit qu’il n’y a pas les morceaux de sa femme dans ce sac, hmmmm ?).
  • seconde chaîne : sur route.
    Alors là c’est très variable selon l’heure de visionnage.
    Soit c’est une chaîne sport avec course mixte de camions, voitures, scooters... à la limite du stock-car.
    Un peu plus tard c’est la rediffusion du Désert des Tartares, on attend mais rien ne vient.
    Entre les deux un spectacle son et lumière : celui des moteurs vrombissants et celle des fanions mobiles des avions.
    Il faut noter le décalage entre les deux, certainement une volonté de l’artiste.
    Enfin à certaines heures du matin ou du soir un problème technique fige l’image, et on ne voit que des voitures arrêtées !

Pour la baignoire-spa c’est le côté pratique qui a été retenu, avec le choix d’une douche.

Mais pas n’importe quelle douche puisqu’elle vient directement de l’industrie aérospatiale et des dernières techniques utilisées dans les camping-cars.

C’est en effet une cabine douche, avec une porte et une paroi d’un seul tenant comme si elle avait été thermo-moulée.
Donc impossible qu’il y ait une fuite puisque tout est fermé.
Et l’on se dit qu’il ne faut pas y rester trop longtemps, car si la porte est étanche comme le souligne une étiquette, alors très vite l’oxygène viendra à manquer.

La seconde percée technologique majeure est que cette douche fait acupuncture ! Je m’explique.
Dès que vous augmentez un peu le débit, les minuscules trous du pommeau transforment les gouttes d’eau en autant d’aiguilles qui viennent vous transpercer la peau.
Ne jamais lever la tête en ouvrant les yeux, ou alors vous êtes bon pour chanter « On va s’aimer » en tapant dans les mains comme un sourd.
Ce que l’on ignore encore aujourd’hui, ce sont les effets de ces stimulations simultanées des différents méridiens d’acupuncture. Des études cliniques seront prévues lors d’une prochaine visite... enfin, si on revient.

Gros avantage pour le développement durable, c’est qu’entre la claustrophobie et la douleur on ne reste jamais longtemps sous sa douche, et de plus avec le système des micro-gouttes aiguilles c’est en moyenne trois litres d’eau qui est utilisé.
Génial !

Une fois le film regardé et sa douche prise, une seule envie aller se coucher.

L’erreur fatale est de se laisser tomber, voire pire de se jeter, sur le lit.
Car là, l’épaisseur du matelas ne vous protègera pas du contact rude avec le sommier.
Et si jamais vous avez plongé tête en avant, c’est alors une longue nuit assurée, avec un léger mal de crâne le lendemain matin, et surtout cette question lancinante : mais pourquoi ai-je laissé allumé ?
Sinon, on arrive à dormir à peu près correctement, sauf si on s’est énervé pendant trente minutes sur le réveil intégré à la paroi du lit, avant de s’apercevoir qu’il ne fonctionnait pas.
Reste alors, pour se calmer, la possibilité de se relever pour voir un nouveau film.

Dernier point : le bar.

Ils ont eu l’idée géniale de le condenser dans une machine à pièces qui peut vous servir aussi bien du café froid, que du thé glacé tiède, voire une moulinée de légumes diluée.
Elle sert aussi des chips, du cassoulet en boîte, des cacahouètes, des brosses à dents, et si vous n’avez pas été aimable, elle ne vous rendra pas la monnaie.

Je terminerai avec un point non évoqué dans les fantasmes qui accompagnent les déplacements, à savoir le petit déjeuner.

Ceux qui ont fait l’armée ailleurs que dans un mess d’officier peuvent s’arrêter de lire ici.
Que les autres me fassent simplement confiance pour apprendre ici que la lyophilisation est maintenant partout, et qu’on réussit enfin à faire du jus d’orange qui a aussi mauvais goût que certains médicaments.
Je suis quand même mesquin car les petites portions de fromage sont très bonnes pour peu que l’on ait réussi à enlever le plastique autour.
Sinon c’est très désagréable à mâcher.

Et pour conclure...

Que cet article soit dédié à ceux que l’on rencontre à quelques centaines de mètres de ces hôtels, et qui eux, après s’être levés de leurs cartons, cherchent leur petit-déjeuner dans les poubelles.

Qu’ils nous pardonnent de toujours vouloir plus, alors qu’eux n’ont rien.

P.-S.

Trame reçu un jour par email, un peu retravaillé.