Woody Allen est certainement le plus célèbre d’entre eux...

Mais si au cinéma les craintes hypocondriaques nous font rire, quand cela arrive dans la vie, l’angoisse est presque invivable.

D’ailleurs, hypocondrie et angoisse, quelles différences ?

Qu’est-ce que l’hypocondrie ?

L’hypocondrie est une préoccupation relative aux maladies physiques que nous pouvons avoir. Les hypocondriaques vivent dans l’appréhension de tomber malades et croient généralement avoir développé des symptômes de la maladie qu’ils craignent.

Existe-t-il plusieurs types d’hypocondriaques ?

Il est important de faire une distinction entre un symptôme hypocondriaque et un syndrome qui regroupe un ensemble de symptômes dans une psychopathologie, dont l’hypocondrie.

Par exemple, dans une dépression majeure, l’hypocondrie pourrait être l’un des symptômes. Une fois la personne guérie, ce symptôme, comme les autres, devrait disparaître.

À quoi reconnaît-on un vrai hypocondriaque ?

Au nombre d’examens médicaux qu’il fait ! C’est une personne qui se plaint très souvent et dont le discours est constamment tourné vers elle-même.

Ce discours ne correspond d’ailleurs absolument pas à la réalité, puisque l’hypocondriaque est un véritable « malade imaginaire ».

Mais ne sommes-nous pas tous un peu des hypocondriaques en puissance ?

Nous avons tous nos périodes d’anxiété. Il peut arriver de s’inquiéter pour un mal de tête persistant, mais les vrais hypocondriaques passent leur temps chez les médecins.

Ils ne sont pas conscients de leur symptôme quand ils se font ausculter par dix spécialistes différents car ils sont convaincus d’avoir contracté une nouvelle maladie. Ils souhaitent trouver un médecin qui va confirmer leur crainte en décelant leur maladie.

Naît-on hypocondriaques ?
Sinon, pourquoi le devient-on ?

On ne naît pas dans cet état, on le devient. Ce n’est pas génétique. Le patient vit une incapacité à se sécuriser tout seul.

Cette insécurité flottante fait qu’il doit constamment être rassuré. Ces personnes ont certainement vécu plusieurs traumatismes répétés durant leur enfance, des carences affectives aussi, puisque le message de base reste : “Occupez-vous de moi”.

Comment soigne-t-on ce trouble ?

Il existe des médicaments qui peuvent aider à diminuer les symptômes d’angoisse. Mais le conflit émotionnel se traite à l’intérieur d’un processus qu’on appelle psychothérapie. La prise de conscience des conflits psychologiques sous-jacents peut nous faire trouver la cause de notre malaise. Et la guérir.

Il se peut que lors d’une grosse fatigue ou d’un gros stress il y ait une petite rechute, mais une fois ces conflits décelés et résolus, on peut beaucoup plus facilement gérer son état.

Et quels conseils donneriez-vous à une personne vivant en compagnie d’un ou d’une hypocondriaque ?
Comment peut-elle l’aider ?

Ce n’est pas facile car les plaintes continues de l’hypocondriaque peuvent devenir exaspérantes. Comme il est persuadé d’avoir quelque chose, on ne peut pas lui dire “vous n’avez rien” dans la mesure où il est absolument convaincu du contraire.

Minimiser ses angoisses au sujet de la maladie ou de la mort ne changera rien. Au contraire. Cela conduira toujours à l’inverse de ce qu’on souhaite obtenir.

Le mot clé est la patience, et la meilleure attitude à avoir serait, dans la mesure du possible, de favoriser un environnement sécurisant de manière à diminuer les anxiétés, celles-ci servant souvent de levier à l’hypocondrie.

À défaut de guérir l’hypocondriaque, cela peut à tout le moins tempérer ses craintes. En attendant qu’il aille mieux grâce à des médicaments, ou mieux, à une psychothérapie.

P.-S.

D’après une intervention du docteur Gilles M Ouimet (psychologue et président de l’Association des psychologues du Québec).
Photo : « La mallette du petit docteur », jouets en tissu de la marque Lilliputiens.