Encyclopédie Atypique Incomplète
Incomplète, car toujours en construction au gré des jours, avec sérieux, curiosité et humour.
Atypique, car toujours dans l'esprit de la connaissance par l'observation et la pratique.
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jeudi 21 mai 2009
A l’approche de l’hiver, bon nombre de mammifères se réfugient dans leur terrier.
Certains hibernent alors que d’autres hivernent...
Quelle est la différence ?
Le premier critère qui différencie vraiment l’hibernation de l’hivernation est la vigilance.
La marmotte qui hiberne [1] entre, pendant plusieurs mois, en véritable état de léthargie. Certaines zones de son cerveau responsables d’actions vitales spontanées telles que la respiration sont encore en activité mais toutes les autres zones corticales sont inactives.
Elle est littéralement endormie mais répond tout de même à certains stimuli comme le toucher, le bruit sans pour autant sortir de son état.
Ce n’est pas le cas des hivernants [2] comme l’ours qui lui est dans un état de somnolence plutôt que de sommeil profond. Son cerveau est très actif et réactif.
Pendant ces périodes de vie au ralenti, il présente de nombreuses phases de réveil où il peut se déplacer, s’alimenter. Les femelles ours donnent d’ailleurs naissance à leurs petits pendant cette période, les allaitent, les lavent...
Les hibernants, et hivernants, aménagent ensuite leur terrier que l’on nomme une hibernaculum. L’hibernaculum est choisi pour éviter des variations thermiques importantes. Les animaux se mettent dans une position qui garde le maximum de chaleur, généralement en boule.
Lors de cette période, les organismes vont voir leur température baisser, histoire d’économiser un maximum d’énergie.
En effet, maintenir une température corporelle stable quelle que soit celle extérieure demande une dépense énergétique colossale pour les homéothermes (les mammifères maintiennent leur température interne à 37°C quelles que soient les conditions extérieures).
Vous pouvez le constater vous-même ; en plein hiver, vous mangez beaucoup plus et surtout plus calorique pour répondre à ces besoins thermorégulateurs.
Les animaux qui hibernent réalisent quelques semaines auparavant une vraie cure de grossissement pour avoir suffisamment de réserve graisseuse où ils puiseront l’énergie nécessaire.
Par exemple, l’écureuil américain passe de 150 grammes à 350 grammes (les réserves sont essentiellement des réserves lipidiques stockées sous la peau.).
Les hibernants vont avoir une température en chute libre, de l’ordre de 1°C à 2°C (la thermorégulation ne s’arrête pas et la thermogenèse se remet en route pour maintenir la température intérieure de l’animal à une température acceptable. L’hibernation n’est pas un état passif !), mais elle ne va jamais passer au-dessous de 0°C, sinon c’est la mort assurée.
Chez les hivernants, la température certes baisse mais reste suffisamment élevée pour que l’animal réagisse face à un danger.
Toujours dans un souci d’économiser un maximum d’énergie pendant leur hibernation, les animaux vont avoir leurs activités physiologiques « tourner » au ralenti.
Le métabolisme accuse ainsi une perte de 98% pendant cette phase :
Les animaux qui hivernent ont également un métabolisme de faible activité mais pas au point des hibernants.
Pendant leur période de somnolence hivernale, ils peuvent manger, uriner, donner naissance aux petits pour les femelles...
Ils sont beaucoup plus actifs que ceux qui hibernent.
Les processus cellulaires sont stoppés ou tout au moins fortement ralentis de plusieurs manières :
Certains facteurs internes ont été mis en évidence principalement chez le spermophile :
Les hibernants sont généralement des animaux de taille moyenne.
S’ils sont trop petits, ils possèdent un métabolisme très élevé qui empêche des longues périodes d’hibernation, car même avec un rythme cardiaque plus faible, les réserves seraient insuffisantes.
S’ils sont de grande taille, le métabolisme est relativement bas, donc la remontée de température demanderait plusieurs jours, ce qui est difficilement envisageable après une période d’hibernation.
Les scientifiques pensent que pour que l’hibernation soit un gain pour la survie de l’animal, il ne doit pas dépasser 7 kg. Au-delà, l’énergie nécessaire lors des périodes de réveil serait trop conséquente.
Pour les hibernants, l’hibernation est toujours rentable du point de vue énergétique et correspond à une économie d’énergie.
Par exemple, pour une souris américaine Perognathus, si elle rentre en hibernation pour 100 heures, elle consomme 7.7 ml d’oxygène par gramme de son poids, alors que pour une même période en empêchant l’entrée en hibernation, elle consomme 40 ml d’oxygène par gramme pendant 100 heures pour se maintenir à 37 °C.
La sortie de l’hibernation se caractérise par un réchauffement rapide des différentes parties du corps, de la fréquence cardiaque, etc.
Ces mécanismes sont plus rapides que ceux de l’entrée en hibernation.
Tout est rétabli en quelques heures.
[1] Les animaux considérés comme hibernants sont : les marmottes, les loirs, les lérots, les spermophiles, les hérissons, le tenrec, le setifer, l’engoulevent de Nuttall, les grenouilles, les lézards, ainsi que certains hamsters, souris, poissons et chauve-souris.
[2] Les animaux hivernants, ou semi-hibernants sont entre autres : les ours, les blaireaux, les ratons laveurs et les opossums.